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Leica M : la monture essentielle fête ses 70 ans

 

Leica fête les 70 ans de son iconique monture M. L'occasion de revenir sur l'histoire de la monture et de ses appareils phares. Une histoire jalonnée de défis technologiques, à l’image du télémètre, mais toujours rythmée par leur marque de fabrique, aller à l’essentiel en alliant design et efficacité. L’ensemble des appareils photos de la monture M, élevés au rang d’objets de luxe, en sont une illustration parfaite.

Leica M, une monture qui a fait l’histoire

Fondée en 1869 par Ernst Leitz II et son père Ernst Leitz à Wetzlar, en Allemagne, l’entreprise d’optique Leitz lance son premier appareil photo, le Leica 35 mm, en 1924, quatre ans après que Ernst Leitz Junior reprenne l’entreprise familiale.

La naissance de la marque Leica

Fruit du travail de l’ingénieur Oskar Barnack, recruté en 1911 pour concevoir des microscopes, cet appareil était en réalité déjà prêt en 1914 mais la Première Guerre mondiale met le projet en pause. Ernet Leitz II le baptise Leica : « lei » pour les trois premières lettres de son nom et « ca » pour les deux premières lettres de camera. Deux signes du destin sans doute puisqu’en 1986, l’entreprise, désormais installée à Solms, est renommée Leica. 

Leica est une entreprise historique à double titre : Ernst Leitz II et sa fille, Elsie Kuehn-Leitz, ont permis à bon nombre de personnes menacées par le régime nazie de s’enfuir grâce au Train Leica de la liberté durant la Seconde Guerre mondiale. Célèbre pour ses appareils photos, ses objectifs optiques, ses objectifs photographiques, ses jumelles ou encore ses lunettes de visée, Leica a néanmoins assis sa renommée mondiale grâce à la monture M. 

M… non, ce n’est pas le nom de code du célèbre chef du MI6, patron du tout aussi célèbre agent britannique 007, James Bond, mais bien le nom d’une monture signée Leica. De sa mise au monde en 1954 à ses 70 bougies soufflées en 2024, revenons sur le règne de la monture M et ce qui fait que choisir un Leica parmi les Leica M est un choix toujours judicieux.

Le règne de la monture Leica M grâce au M3

Réunissant des professionnels émérites de la photo tels que Yan Morvan comme des amateurs passionnés, Leica est réputée dans le monde de la photo, notamment pour son système SL et ses appareils Q avec le désormais célèbre Q3 ; mais, c’est bel et bien sa monture M qui a fait sa notoriété. 

La success story de la monture M débute en 1954 avec la sortie du M3. Utilisé par l’immense Henri Cartier-Bresson, le boîtier Leica était, pour le citer, pareil à « un carnet de croquis, le divan d’un psychanalyste, un coup de revolver ou un baiser passionné ». Et déjà avec ce premier modèle, la marque allemande va à l’essentiel en livrant les principales fonctionnalités dans un design épuré et discret. Un style que l’on doit au mouvement Bauhaus, lequel a grandement inspiré la photographie et la marque allemande.

La philosophie de ce concept, né en 1919 à l’initiative de Walter Gropius, directeur de l’Institut des arts décoratifs de Weimar, est de mettre en avant un style sobre, dépouillé et sans ajout inutile. Pour l’anecdote, Leica a sorti un Leica CL 100 Jahre Bauhaus pour fêter le centenaire de la création de l’école portant la gravure Bauhaus sur la face.

L’appareil photo à visée télémétrique, signé Leica

Le Leica M3 est le premier appareil photo argentique doté d’un objectif à baïonnette et d’un viseur incluant un télémètre. M fait d’ailleurs écho au mot allemand « Messsucher » qui se traduit par viseur télémétrique. 

Système iconique, le télémètre permet de faire la mise au point sur un sujet en suivant le principe de la trigonométrie. Au moment de tourner la bague de distance de l’objectif Leica, deux images de la scène se chevauchent sur le viseur afin d’obtenir les valeurs parfaites. Cette mise au point manuelle se dédie à l’essentiel pour obtenir l’image impeccable et au plus près de la réalité, à l’instant T. 

Ajoutez le design épuré, la taille minime du boîtier ou encore l’obturateur silencieux, et vous obtenez un outil révolutionnaire dans l’univers de la photo, notamment pour le photojournalisme et la photo de rue, rois des instants à la fois fugaces et gravés.

 Ainsi, comment oublier le célèbre cliché de Nick Ut intitulé « La fille au napalm » réalisé dans le village de Trang Bang, près de Saïgon, en pleine guerre du Vietnam. Le 8 juin 1952, des B-52 bombardent le village et les alentours au napalm, brûlant les habitants. Le cliché capturé avec un Leica, ayant ému le monde entier et ayant fait accélérer la fin du conflit grâce à l’opinion publique, montre Kim Phúc, une jeune fille de 9 ans nue, blessée et perdue, fuyant aux côtés d’autres enfants apeurés.

Premier photographe de mode cubain, Alberto Korda est, quant à lui, connu pour avoir réalisé le portrait de Che Guevara muni d’un appareil photo Leica le 5 mars 1960. Un instant figé resté dans les mémoires.

La success story de Leica M au fil du temps

Leica a agrandi la famille des appareils télémétriques de la monture M avec le MP sorti en 1957 pour quelques chanceux photojournalistes seulement. Sa particularité est d’avoir un compte-vues externe ; un an plus tard, sort le M2 doté d’un atout inédit : un viseur à grossissement 0,72 composé d’un cadre pour les focales 35 mm. Du pain bénit pour les photojournalistes. Cette version servira de base aux prochains appareils de la monture M.

L’évolution technologique de Leica entre le M1 et le M5

Le Leica M1, présenté en 1959, a été conçu pour la réalisation de travaux techniques. Il ne possède pas de télémètre mais peut accueillir une Visoflex, chambre photographique signée Leica.

L’avantage de cet appareil est d’éliminer le risque de parallaxe optique. Autre boîtier télémétrique appartenant à la monture M, le M4, sorti en 1967. L’ergonomie y est améliorée avec une manivelle coudée en lieu et place du bouton télescopique ; le procédé de chargement du film est plus rapide tout comme le levier d’avancement du film. 

En 1971, le M5 fait son entrée et avec lui, au-delà d’un design moins élaboré que ses prédécesseurs, il y a l’ajout d’un posemètre capable de mesurer la luminosité d’une scène.

1984, l’année charnière pour la monture M de Leica

Le règne de la monture M a retrouvé sa splendeur avec la mise sur le marché du Leica M6, dessiné par Heinrich Janke, designer du M3, en 1984. Cette même année voit le décès du légendaire photographe Brassaï qui a eu pour matériel du Leica. Le Leica M6 est un concentré de technologies puisqu’il cumule vitesse d’obturation, champ de vision, réglage de l’ouverture, mesure de la distance ou encore mesure d’exposition dans un design compact et épuré, propre au M3.

Les M8 et M9 ou l’entrée dans l’ère du numérique pour la monture M

Premier appareil photo numérique à visée télémétrique de la monture M, le Leica M8 sort en 2006. Marquant un tournant dans l’épopée de la marque allemande, le Leica M8 introduit l’ère du numérique avec succès. 

Exit le film, la scène s’observe désormais dans un viseur et le télémètre, invention déterminante, est toujours présent pour obtenir un résultat impeccable au cœur de l’action. 

L’essai est transformé trois ans plus tard avec la sortie du Leica M9, le tout premier appareil hybride à visée télémétrique plein format (24X36) dont le capteur CCD a été conçu par Kodak. Il ne possède pas de filtre passe-bas, ce qui permet d’obtenir des images encore plus nettes et détaillées ; par contre, il est équipé d’un filtre infrarouge.

La photo en noir et blanc avec le premier Leica M Monochrom

M comme monochrom avec l’arrivée du Leica M Monochrom en 2012. Il s’agit du premier appareil photo numérique plein format créé pour la pratique de la photo en noir et blanc. On retrouve le système de monture à baïonnette, un design élégant, la finition cuir, la légèreté. 

Cette fois, l’appareil est doté d’un capteur plein format de 18 millions de pixels. L’innovation était risquée selon certains mais le succès est, encore, au rendez-vous et cela peut s’expliquer, entre autres, par le niveau de qualité obtenue propre à l’argentique en ce qui concerne la plage dynamique. Leica prouve qu’on peut faire du noir et blanc de haut vol avec un appareil photo numérique dédié.

Leica M10, le plus fin des appareils numériques

Plage de sensibilité ISO étendue (de 100 à 50 000), capteur CMOS plein format de 24 mégapixels, champ de vision élargi, meilleur grossissement, obturateur encore plus silencieux, le Leica M10 reprend aussi la morphologie si prisée des Leica M argentiques. 

Sa mise sur le marché en 2017 est naturellement un pari gagnant. Cerise sur le gâteau numérique, le Leica M10 dispose d’un module WLAN, ce qui permet d’envoyer facilement des images vers d’autres périphériques connectés sans fil.

Connaissiez-vous le destin du Leica M for RED ?

Sorti en 2013, le Leica M for RED est un appareil créé à un seul exemplaire. Comme cela arrive fréquemment chez Leica, des designer ont conçu cette pépite, deux designer de renom amoureux de la marque allemande, Marc Newson et Sir Jonathan Ive. 

Et justement le design est tout aussi unique puisque le Leica M for RED présente un style incurvé. Vendu aux enchères le 23 novembre 2013 au sein de la maison Sotheby à New-York pour 1,8 millions d’euros, le Leica M for RED a ainsi permis de soutenir la campagne de la marque Product(RED) dont le chanteur de U2, Bono, est le cofondateur.

La recette a été versée au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. A ce jour, le Leica M for RED reste l’appareil le plus cher au monde.

L’adoubement de la monture M avec les Leica M11 et M11-P

Les Leica M11 et M11-P confirment, si cela était encore nécessaire, que l’innovation technologique peut se faire discrète tout en restant performante.

Leica M11, l’écho direct au M3

Offrant l’essentiel à un photographe amateur ou pro, à savoir la réalisation d’une image parfaite techniquement en allant à l’essentiel, Leica le prouve encore avec la sortie du M11 en 2022. Appareil photo hybride à viseur télémétrique, le Leica M11 ressemble beaucoup au premier né de la monture M alors que 68 ans les séparent. Le design est similaire, la taille change à peine, et les lignes demeurent discrètes. 

Doté d’un capteur plein format (CMOS), ce petit bijou vous permet de choisir la résolution de votre choix entre 60, 36 et 18 millions de pixels. Cette technologie à triple définition rend possible l’enregistrement de fichiers DNJ comme JPEG selon vos préférences. Le tout avec une qualité d’image et un rendu de détails salués par la critique et les Leicaïstes. 

Le M11 est également doté d’un processeur plus puissant, Maestro III, d’une plage dynamique de 15IL, d’une plage ISO très large ou encore d’une mémoire interne de 256 Go.

Leica M11-P : la boucle est bouclée pour les 70 ans de la monture M

Mis sur le marché en octobre 2023, le M11-P, réplique du M11, demeure néanmoins le premier appareil photo du monde à réunir des métadonnées infalsifiables. 

En effet, Leica est la toute première marque à avoir introduit le Content Authenticity Initiative (CAI). L’objectif de cette communauté, qui a vu le jour en 2019 aux côtés d’autres géants tels que Adobe, Getty Images, la BBC ou Reuters, est de garantir l’authenticité des contenus et de prouver qu’ils n’ont pas été transformés de manière intentionnelle ou malveillante.

Les objectifs de la monture M, travail d’orfèvre

La naissance d’un boîtier Leica est un vrai travail d’orfèvre. L’assemblage est fait avec soin, tout comme celui de chaque élément à commencer par le télémètre assemblé grâce à 150 pièces puis calibré avec minutie dans les ateliers en Allemagne.

Les objectifs Leica ne dérogent pas à la règle ; et ceux de la monture M possèdent cette signature unique dès leur conception. 

Bien sûr, les machines jouent un rôle important mais chaque membre de l’entreprise Leica joue un rôle essentiel de par ses connaissances de l’univers Leica (types de verre et leurs propriétés, mode d’assemblage des objectifs…) et du travail manuel pointilleux réalisé avec passion. Parmi les objectifs de la monture M, il y a les Summicron, les Elmar, les Noctiflux, les Elmarit et les Summiflux. Cette grande lignée est composée de téléobjectifs, d’objectifs standards, de macros et d’objectifs grand angle.

La majorité des objectifs peut être ajoutée à tous les boîtiers de la monture M : ainsi, un objectif récent peut habiller un Leica M3 et les premiers objectifs de la monture M peuvent être montés sur les boîtiers les plus récents. L’opération est facilitée par le système, lui aussi signature, conservé par Leica, à savoir la monture d’objectif à baïonnette.

Le « Leica M Édition 70 » pour souffler les noces de platine

70 ans, anniversaire de platine, c’est l’âge de la monture M célébrée en grande pompe par Leica. 2024 est l’année de la consécration pour l’entreprise allemande qui sort un coffret « Leica M Édition 70 » arborant une finition plaquée platine et l’inscription « Ernst Leitz Wetzlar Germany ». Dans le coffret, se cache un appareil photo argentique à viseur télémétrique Leica M-A avec un objectif Leica APO-Summicron-M 1:2/50 ASPH, un Leicavit M mécanique et une boîte à pellicule avec négatifs noir et blanc.

Cette édition prestigieuse, vibrant hommage au Leica M3 et à l’argentique, est limitée puisque seulement 250 coffrets « Leica M Édition 70 » sont disponibles dans le monde, chacun portant un numéro gravé. Mis en vente dès le printemps 2025, ce coffret coûte la coquette somme de 22 500 €. La monture M de Leica souffle 70 ans d’innovation et de fidélité.

Innovation technologique, certes, pour avancer avec son temps, garantissant une qualité d’image indiscutable grâce au télémètre et aux différentes générations de capteurs jusqu’au plein format, que cela soit avec la photo argentique, la photo numérique ou hybride ; mais fidélité à ce qui fait que l’appareil photo est un Leica : le design élégant et épuré, des fonctionnalités allant à l’essentiel, sans jamais l’intervention d’un autofocus, définitivement « banni » par la marque allemande, et une taille compacte.

Avec des innovations toujours avant-gardistes, Leica est la preuve dans le temps que l’on peut progresser tout en maintenant une certaine tradition